Mickaël Tanter


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Le Prix scientifique de la Fondation NRJ, doté de 100 000 euros, a été décerné au professeur Mickaël Tanter pour encourager une recherche pionnière sur la neuro-imagerie cérébrale.

Passionné par la physique et la médecine, Mickaël Tanter (École supérieure de Physique et Chimie industrielles, Paris) a consacré sa carrière à l’interface entre ces deux disciplines.

Après un diplôme d’ingénieur Supélec, il effectue une thèse sur l’application des concepts de réversibilité du temps en physique à la focalisation transcrânienne des ondes ultrasonores, dans le but de traiter de manière très ciblée des pathologies cérébrales. Il devient chercheur en 2000 au CNRS puis directeur de recherche à l’Inserm, et se spécialise dans le développement de méthodes d’imagerie et de thérapie innovantes, telles que l’échographie ultrarapide, l’imagerie quantitative d’élasticité, l’imagerie fonctionnelle de l’activité cérébrale par ultrasons. Profondément convaincu de ce modèle vertueux d’interface entre physique et médecine, il se consacre aujourd’hui avec son équipe à transformer ces idées de physiciens en des outils utilisés tous les jours par les médecins et les chercheurs d’autres domaines (biologie, neuroscience,…) pour servir les patients et répondre à des questions fondamentales en médecine.

Une recherche innovante pour une application clinique décisive : quel avenir pour la neuro-imagerie cérébrale ?

Mickaël Tanter travaille avec son équipe sur le développement de techniques innovantes d’imagerie et de thérapie médicales.
Il a développé au cours des 15 dernières années avec ses collègues le concept d’échographe ultrarapide capable d’atteindre plusieurs milliers d’images par seconde et voir ainsi les vibrations mécaniques du corps humain pour des applications multiples allant du diagnostic du cancer aux maladies cardiovasculaires.
En 2005, il fonde avec Jacques Souquet, Claude Cohen-Bacrie et Mathias Fink la société française Supersonic Imagine commercialisant cet échographe ultrarapide (plus de 1000 systèmes vendus dans le monde).
Il s’intéresse aussi aux applications cérébrales des ultrasons et notamment la possibilité de réaliser une thérapie non intrusive très ciblée de pathologies cérébrales en utilisant des faisceaux ultrasonores focalisés à travers le crâne. Il a exposé avec son équipe les preuves de concept de cette thérapie cérébrale par ultrasons de la physique jusqu’aux expérimentations pré-cliniques et prépare actuellement son transfert clinique.
Enfin, il a developpé avec ses collègues une technologie d’imagerie fonctionnelle ultrasonore de l’activité cérébrale (fUltrasound, par analogie à l’imagerie de résonance magnétique fonctionnelle - fMRI -), basée sur la détection ultrasensible des flux sanguins. Cette technologie 100 fois plus sensible que l’imagerie Doppler conventionnelle fait entrer l’échographie dans le domaine des neurosciences et permet pour la première fois de détecter par ultrasons les flux sanguins dans de très petits vaisseaux du cerveau, flux dont les variations subtiles sont liées à l’activité cérébrale. Le concept de fUltrasound (fUS), à la sensibilité et résolution spatiotemporelle inégalée (~100 µm et 200 ms) permet, par exemple, d’observer l’activation d’une colonne neuronale du cortex d’un rongeur lorsque l’on fait vibrer une de ses moustaches ou encore l’activité neuronale sur l’ensemble du cerveau du rongeur lors d’une crise d’épilepsie.

Les applications du fUS sont elles aussi importantes par leur portée dans les domaines des neurosciences, des sciences cognitives ou encore de l’imagerie cérébrale clinique. En clinique, elle pourrait être utilisée chez le nouveau-né pour qui l’IRMf est très difficile à réaliser, voire chez le fœtus et ainsi permettre de mieux comprendre le développement du cerveau. Côté recherche, le fUS va fournir aux neurobiologistes un outil sensationnel pour répondre à de nombreuses questions fondamentales sur le fonctionnement du cerveau (comment on ressent une odeur, comment et à quel endroits les crises d’épilepsie prennent naissance, comment les maladies neurodégénératives affectent le fonctionnement cérébral, comment le cerveau humain se développe,…).